Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

jeudi 10 mars 2011

lui me dit (2.1/2)

Donc, finissons en, comme annoncé.

Madrid vibre de polémiques et de grandes manœuvres. On va à la fois changer d'empresa et de gouvernement. Le PP a fait le choix que je considère comme létal à terme de politiser la Corrida. André Viard l'accompagne dans cette entreprise en crachant régulièrement sur Zapatero et le PSOE, boucs émissaires d'une déconfiture chaque jour plus évidente de la « fiesta » dite nationale. Le facteur déclenchant a été la pantalonnade de Barcelone, qui a une fois de plus ravivé des antagonismes qui sont vieux comme l'Espagne. J'estime avoir suffisamment commenté ce événement politico, culturo, économico, et si peu taurin. Car qu'on le veuille ou non, si l'aficion de Barcelone a pu exister, alimentée par les importants flux migratoires populaires, en particulier andalous de la première moitié du XXème siècle et l'apport financier des touristes dragués sur les plages voisines, elle a démontré sa grande fragilité pour ne pas dire plus. A tel point que d'un certain point de vue, la Corrida apparaissait comme un symbole, culturel aussi, de l'Espagne de Madrid, s'opposant au « catalanisme ». Ajoutez à cela la reconversion de la Monumental avec les colossaux enjeux financiers pour la famille Balana, par ailleurs organisatrice de spectacles entre autres théâtraux, qui par exemple avait tenté d'utiliser le site pour des mega concerts que le voisinage a fini par faire interdire pour des questions de nuisances, en particulier sonore. Donc Monsieur Balana fils se retrouve avec un site en plein cœur de Barcelone qui perd de l'argent avec les corridas et est très sous utilisé. J'estime que l'attitude du PP n'a fait qu'aggraver la situation, en exacerbant d'autant plus les vieux réflexes identitaires. J'ajoute de plus que de nombreuses arènes ont fermé en Catalogne, par exemple Tarragone, sans qu'on en ait fait un enjeu national. Reste que la volonté d'interdire m'est totalement insupportable, qu'on soit catalan, andalou, basque, landais, corse, breton ou zanti. Si la manœuvre du PP peut se comprendre dans le but d'emmerder le PSOE et Zapatero plutôt en difficulté, le relai haineux, d'André Viard se conçoit moins, sinon dans un soucis de complaire à ses nouveaux alliés bienfaiteurs. Elle se conçoit d'autant moins qu'en qualité de français il se doit à un certaine réserve sur les affaires intérieures espagnoles, toujours beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît, mais surtout en tant que Président de l'OCT, à moins qu'il ait reçu un mandat dans ce sens. J'attendais en tous cas, ou aurais espéré, une analyse plus distanciée et plus subtile.

Lui dit que depuis deux ans, approximativement, l'attitude d'André Viard a beaucoup changé. Actuellement, il est pris d'une furie politico mégalomaniaque inquiétante. Jusqu'alors, embarqué dans le fructueux mirage de Casas, il se contentait d'insulter les « ayatollahs » ronchonneurs, « irresponsables » et obtus, de chanter la gloire des admirables figuritas qui emplissaient Nîmes, de louer ce toro moderne d'une incroyable bravoure, si dur à toréer, vous savez, ce toro qui, si on l'avait piqué se serait tué sous le fer, et de glorifier des indultos pour le moins discutables et les faenas ineptes de 100 passes. Il donnait même des recettes pour emplir les arènes, à base de figuritas qui méritaient bien leurs honoraires et de toritos « braves dans la muleta ». Je me souviens très bien à Dax pour l'indulto de « Desgarbado » qu'il salua, du rôle prépondérant qu'a joué Rincon et me vient à l'esprit ce jugement de Franco, qualifiant la « falange » de « claque » et admiratif du rôle que pouvait jouer une poignée d'excités pour entraîner une foule.

Il avait appuyé aussi le lynchage du 7 de las Ventas, et de Vidal et de Navalon, trop « obtus » certainement. Avant il avait même écrit un livre remarquable où il analysait le fameux toreo moderne et les toreos « centrifuges » et « centripètes ». Certes déjà, des côtés polémiques et atrabilaires, un talent certain gâché par cette certitude de détenir la vérité, un goût pour l 'exclusion, au nom du savoir, mais après tout, pourquoi pas, cela faisant partie du personnage. La Corrida est un sujet d'infinies disputes et de « bataillages », puisque, lorsqu'elle s'adresse au sensible, elle trouve ou peut trouver des échos différents selon les dispositions de chacun. Mais on avait déjà depuis belle lurette quitté ces rivages là, du sensible, vers ceux de la superficialité, des trucages, de l'esbrouffe, des « torosniais », des « figuritas » insupportables, d'un spectacle sans âme ni justification, autre que festive ou financière. Il était sur l'indéfendable pour un aficionado de sa trempe et de son talent. Ne lui restait que le mépris à la fois, et j'en suis persuadé, de ses convictions d'aficionado, de l'évidence et de l'autre susceptibles de porter préjudice au business taurin, tout cela donc au seul profit à court terme de ce business. Après tout, il défendait son gagne pain, cela peut se comprendre, à condition de ne pas prendre ceux qui pensent différemment pour des enclumes ou des fossoyeurs.

Des lecteurs assidus comme moi, d'André Viard, on pu remarquer combien il se « rapprochait », doux euphémisme de la San Pablo CEU, via son atelier spécifique taurin. La « flor y nata » de l'Intelligentsia taurine. De façon évidente, lorsqu'il retourne ses casquettes de Président de l'OCT,
de Directeur de Tierras Taurinas, et, enfin d'aficionado, il accompagne la délicate opération de prises de position plus ou moins douteuses.

Dans le milieu taurin espagnol où les associations en tous genre abondent, le titre est important. Celui de Président du « machin » OCT est un argument qui compte, d'autant que mal informés, les espagnols auront tendance à magnifier la chose, d'autant, en plus, qu'ils regardent avec envie les arènes pleines, mais aussi le travail effectué par certaines (petites) organisations indépendantes, qui essaient de promouvoir un spectacle décent, éthique, aujourd'hui mis à mal. Je fais confiance à notre roublard pour surfer sur cette vague de considération distinguée et de s'en attribuer les mérites. D'autant qu'il fut largement aidé par l'Ambassade de France à Madrid, qui avec nos petits sous l'a officiellement promotionné.

Tierras Taurinas a hérité du concept de Terres Taurines, c'est à dire une présentation extrêmement soignée, des reportages de qualité, une écriture de qualité et un sujet extrêmement polémique à l'heure actuelle pour l'aficion espagnole éclairée, à savoir les fameux « encastes ». Nous parlerons de cette « imposture » en d'autres occasions, pour dire aussi combien on s'y perd dans les « rafraichissements » et le « croisements », les certificats d'origine « en blanc », qui font que là pour le coup et de façon bien plus grave qu'un cheval de picador trop lourd, on trompe le « client » de façon éhontée. Surtout celui qui par exemple paierait pour voir du « pur veragua ».
Ceci dit, au point de dilution actuel, le croisement n'est pas forcément répréhensible, à condition que les éleveurs conservent des souches « pures », car ces mêmes croisements ne donnent pas forcément de bons résultats, et il est essentiel de pouvoir « revenir en arrière ». Notons seulement que ces faits, qui, il n'y a pas si longtemps, auraient foutu en feu le monde des aficionados, les pires supports actuels de Dédé, les imposteurs du nouveau 7, ou de quelque andanada ou tendido, préfèrent parler d'éthique et de ces castes qui vont tout changer. Allons, allons, d'abord, il faudrait que les figuritas artistes acceptent d'y aller, que cela sorte bon, ce qui n'est pas sûr, et que comme les autres, ils ne subissent pas le traitement infamant de l'élevage d'aujourd'hui, il faudrait aussi que les grandes arènes ne se tirent pas la bourre pour s'attacher les services de tel ou tel Dieu et fixent des conditions plus décentes. Il faudrait enfin, que tous les prix de vente des toros et honoraires des figuras soient publiés, en France et en Espagne, qu'on mette en évidence que tel lot de toros a pu être proposé à tel prix à une organisation française, puis le retrouver à moitié prix dans une autre arène espagnole. Ah, je sais, la crise, la loi du marché. Mais l'intempérant Dédé préfère parler d'éthique, d'union, et de blablabla et de zantis nocifs plutôt qu'attaquer à l’égoïne son fond de commerce, avec le risque de se « couper » de sa manne nourricière.

Mais bien plus grave, lorsque, comme je le fais et l'ai fait, on cherche à comprendre la frénésie taurine du PP et du porte flingue Dédé, on s'écarte vite d'une simple pierre dans le jardin du PSOE, après tout de bonne guerre, vu du PP, pour aller voguer dans les eaux paisibles de (l'extrême?) droite catholique espagnole qui a décidé de repasser à l'offensive.

à suivre

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