Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

lundi 30 mai 2011

Nous, les cons!

Bref, il vaut mieux dire qu'entre passer pour un con et être un con il y a la limite de la dialectique.

La limite étant ceux qui croient et gobent et ceux qui doutent. Et je n'ai pas de chance car je ne crois ni gobe, et en la matière, je ne doute plus.

La certitude étant l'apanage des cons, ce que je crois avec endurance, mon absence de doute me terrorise.

Allons y : un départ sur deux à la retraite non compensé. Bien ! Éducation Nationale : 33 000 départs à la retraite, donc 16500 postes supprimés, mais aussi : 16500 embauches, ce qui fait dire à l'angelot Chatel « j'embauche 17000 enseignants ». Et à l'atrabilaire de service qui peut très bien avoir quelque fils et/ou fille dans des services municipaux, de dire « merde comment peuvent t'ils dire que l’Éducation Nationale est maltraitée ? ». « C'est vrai, merde!on en embauche encore »!

L'art du politique serait donc pour le tenant du pouvoir de jouer en en abusant, sur les mots, et pour l'opposant de les prendre au pied de la lettre. Et ma foi, celui distrait, qui écoute le truc en mangeant son yaourt pense soit ils ont encore cédé, soit les salauds, ils continuent. C'est de la com coco !

Parent d'élève tardif, je suis avec intérêt la scolarité de ma fille. J'ai vécu la destruction du RASED, et ces enfants en difficulté depuis la maternelle et oui, pour des raisons différentes peut être, mais tout de même  « sociétales » comme on dit qui s'enfoncent inexorablement. En cinquième, certains qui ont redoublé déjà au moins une fois, parfois deux, peuvent fort bien se retrouver en 4ème. On ne veut même plus les faire redoubler, cela ne servirait à rien sinon à perturber un peu plus la classe.

Je n'accuse pas le moins du moins du monde les professeurs . Comme partout, en tous les métiers, il y en a d'excellents, des moins bons et le reste. Simplement, les enfants ont aussi changé, avec la télé, Internet et les portables. Le nier serait une ânerie. J'ai connu la même situation il y a trente ans avec deux filles que j'ai élevées et je mesure la différence.

Je ne peux m'empêcher de penser que d'aucuns penseraient que la solution est dans une École Privée, en tous cas, font t'ils tout pour cela. Et j'ai honte à Ma République, et cela me paraît tellement grave que remercier le Président de la République pour sa bienveillance envers la corrida me paraît d'une vulgarité, d'une irresponsabilité et d'une connerie insondables. Pauvre France, pauvres politiques locaux et nationaux à l'affût de tous les coups, pauvres de nous ! Et Viva Dede !



jeudi 26 mai 2011

Subliminal

J'avais juré de ne plus m'en occuper ni offusquer.



Mon Dédé, le phœnix du Boucau commentait avec une satisfaction extrême, « el  batacazo » de Zapatero, ennemi de la stupéfiante fiesta. Il ne manquait pas de souligner les mérites de Rajoy qui lui ne peut pas se prétendre aficionado, mais est un modèle de tolérance. Il encensait la divine Esperanza Aguirre qui le soutient tant à Madrid (Communidad avec les copains « propagandistes »), elle, l'aficionada perdida. Et un autre, lui, « practico ».

Bref il se rengorgeait, lui le maître de l'Unesco et de la corrida voisine du « bœuf de Bazas » et de « la tarte tatin », aux machins immatériels des trucs, « inventaire à la Prévert » a dit Fréderic Mitterrand, et c'est vrai que ça vaut le coup d’œil. Nul besoin de dire qu'il était satisfait de la défaite annoncée de Zapatero, le Dédé !.



J'ai peut être déjà eu l'occasion de le dire, mais Zapatero n'est pas réellement mon idole, même si j'aime assez le nom de son parti. Tout le monde sait aussi que l'Espagne a été emportée par sa fureur bétonneuse, bien amorcée vers la fin du règne de Franco avec le pognon des américains, et sous l 'impulsion des « technocrates de  l'Opus Dei » qui supplantaient « les Propagandistes » animateurs du « national catholicisme » des années 39 à 60 environ. Il faut bien dire qu'ensuite l'Espagne a bien profité des faveurs de l'Europe, mais également de grandes manifestations internationales que ce soit à Séville ou Barcelone, facilitées par le courant de sympathie envers ce peuple revenu de l'enfer de la dictature et son exemplaire transition. Faux culs va ! Les mêmes, en particulier anglo saxons, qui soutenaient le principe de « non intervention » bafoué quotidiennement par les italiens et les nazis, jusqu'à ce que les russes fournissent des armes, 6 mois pratiquement après le début du conflit. Sur tous ces points il y aurait beaucoup à dire mais sortirait de mon propos.

 A propos du bétonnage, peut t'on seulement relancer, soutenir, pérenniser l'économie d'un pays par l'offre, vaste débat ! Et je n'ai rien d'un expert.



A Madrid, il faisait une chaleur de « lave » me dit t'on. « Los indignados » occupent la « Puerta del sol », ils veulent du travail, ils ont raison. Quoiqu'on en dise, en France le soit disant si couteux modèle social, a joué un rôle d'amortisseur en préservant encore un minimum de pouvoir d'achat. Minimum je dis bien. Il vaut effectivement mieux être malade ou chômeur en France qu'en Espagne. Moi les « indignados » évidemment, j'ai de la sympathie pour eux, et leur manifestation tombait au « bon moment » des élections. Mais c'est aussi un autre problème. Dédé dirait que je suis mauvais joueur. Près de 50 pour 100 d'abstention toutefois, le gouffre ne cesse de se creuser entre le « politique » et ses « sujets ». Comme ici et ça c'est vraiment inquiétant !



Soit ! Maintenant, on va rentrer dans le subliminal. En 1931, la monarchie fut renversée par des élections municipales. En tous cas, le roi Alphonse XIII, constatant le désaveu de son peuple préféra s'exiler. C'est ainsi que s'installa la seconde République espagnole, dans une liesse indescriptible des « indignados » de l'époque. Revanche cinglante, 80 ans plus tard. Sauf qu'ici, nous sommes dans un jeu démocratique d'alternance et une tendance semble t'il imparable de droitisation, c'est un euphémisme, de l'Europe.




Subliminal toujours, l'estrade du PP triomphant et les amis de Dédé. Tout bleu le décor! Et moi, je ne peux m’empêcher de penser aux « chemises bleues » de la « falange », et ces près de 40 000 espagnols qui combattirent aux cotés de Hitler sur le front russe, la fameuse « division azul », payée et équipée par les nazis, en uniforme allemand, qui avaient exigé de conserver la « chemise bleue » sous le caca d'oie.



Ceci démontre s'il en était besoin combien chacun est influencé par sa culture, sa sensibilité politique, ses passions parfois même sa réflexion. Comme il peut l’être également par ses ambitions, ses intérêts à court terme qui peuvent également prendre le dessus sur toute réflexion. Question probablement d'organisation du cerveau.



L'alternance ne m'a jamais choqué. Elle était plutôt annoncée en Espagne. Et après tout, pour les « indignados », peu importe de savoir si Zapatero avait les moindres marges de manœuvre vis à vis de l'Europe, et encore moins si Rajoy en aura d'autres, ou s'il pourra profiter d'un « retournement de conjoncture ». Son programme doit être attendu avec curiosité.



Une chose est sûre pour Dédé, le PP va sauver la corrida et optionnellement, dans la foulée interdire l'ouverture des fosses, cette autre saloperie de Zapatero, qui avait, selon Dédé et Mundotoro de mes choses, pris la responsabilité de raviver des rancœurs.



Décidément, la Mémoire n'est pas le point fort de Dédé. Et pour ceux qui ignoreraient les remous de Madrid, avec la guerre de conquête de las Ventas, avec le « number seven » en carton pâte, les mêmes qui ont dézingué le « siete », dont lui,  le Dédé, sont maintenant les ardents défenseurs d'une corrida intègre. Disons que depuis la mort de Juan Pedro Domecq, il est de bon ton de chier sur ce qu'on a défendu bec et ongles. Vous savez, golirifier le toro artiste et son infinie difficulté et surtout nos omnipotents toreritos grotesquement autoproclamés artistes, et fustiger les "ayatollahs irresponsables".



Il me semble que Juan Pedro Domecq tenait tout l'équipage d'une main ferme. Subtil, cultivé, riche et influant, on dirait qu'il contrôlait la situation et avait été à l'initiative, en particulier du « tourisme ganadero » etc. En tous cas, personne du mundillo n'aurait osé "l'affronter". Depuis son décès nos « faux culs », après l'avoir encensé le chargent de tous les maux. Comme d'ailleurs, il est aujourd'hui, dans ce cénacle de bon ton de dézinguer Simon de Nîmes, après l'avoir également défendu bec et ongles. Mais lui, n'est pas mort ; ce n'est pas non plus Juan Pedro !



Le seul motif reste pourtant de remplir les arènes de japonais, d'invités, de touristes, de bobos, de bofs qui paieront n'importe quel prix pour voir des sorties à hombros et des indultos, et surtout de savoir qui récoltera la manne.

lundi 23 mai 2011

Oui au Juge d'Instruction!


Le Français se sent dépositaire des Droits de l'Homme, c'est son Bien Immatériel. Soit !

L'Américain, fils d'un peuple jeune, sans grande Histoire, au sens où l'entendent les européens en particulier, s'est longtemps senti dépositaire de la démocratie fricassière et d'une morale à géométrie variable, permettant de soumettre les autres peuples au dieu dollar, et comme tout le monde, à son échelle, de soutenir quelques tyrans, dictateurs et cinglés.

C'est du business, donc respectable, nous dit t'on puisque l'emploi en dépend.

Le géant a vacillé sur son piédestal. Bien plus inimaginable, la guerre est venue sur son sol avec l'ignoble attentat du 11 Septembre, violant ainsi un sanctuaire et l'illusion que l'Oncle Sam peut soumettre le monde entier. La crise financière l'a ébranlé non seulement dans ses fondements économiques, ce qui serait déjà suffisant, mais dans ses convictions les plus profondément ancrées d'une respectabilité par le pognon. Le fameux hyper libéralisme financier, qui s'est infiltré dans le monde entier soumettant ses affidés aux seules volontés de la spéculation.

En même temps, d'autres pays qui ne font qu'appliquer les recettes tellement vantées le menacent, notre géant, dans sa suprématie économique confondue d'ailleurs avec une suprématie militaire. Il doit donc apprendre comme tout le monde à composer et à faire le dos rond.

Et comme souvent, le repli se fait dans l'intolérance, la religiosité. Xavier Klein a bien décrit ces mécanismes : http://bregaorthez.blogspot.com/2011/05/pilori-story.html. Ceux qui ont connu ce pays, dans mon cas, pour des raisons professionnelles, savent bien combien il est impressionnant d'étendue, de variété, de force et de puissance. Mais aussi, de suspicion, de brutalité, de certitudes. Et encore faut t'il dire que le Middle West ou le Texas ont peu à voir avec la côte Est qui elle même a bien peu à voir avec la Californie et le Nouveau Mexique. Par rapport à l'Europe, bien sûr, il y a l'unicité de la langue, un chauvinisme patriotique exacerbé lié à une prospérité passée extrême, une grande crainte de l'étranger au sens large, et surtout, je le répète le besoin de se fabriquer une Histoire, une Culture dont les ressorts sont l 'impérialisme économique, la religiosité et le culte du Dollar roi. Le tout dans un continent sanctuarisé.

La réaction de Marc Delon est bien différente, et, pour ceux qui connaissent les deux, cela n'a rien de surprenant. http://photosmotstoros.blogspot.com/2011/05/inculpe-libere-assigne-bague-filme.html. Lui, il voit dans cette affaire une justice qui, elle protège les victimes, contrairement à la notre et surtout, surtout donne une formidable leçon de démocratie, car tous les coupables sont traités de la même façon, puissants ou misérables.

Ceci dit, et ne constituant en rien une possible complaisance vis à vis du coupable, pour qu'il y ait coupable et victime, il faudrait qu'il y ait eu jugement, puisque, pour l'heure, ce sont deux versions qui s'opposent, parole contre parole, et que, toujours pour l'heure, il n'y aurait pas de témoin qui pourrait avec certitude établir les faits. Donc, pour moi, il faut bien admettre qu'il y a un présumé coupable et une présumée victime, si la notion de présumée innocence heurte certaines sensibilités.

Pour en revenir à la démocratie, au delà d'une interprétation faisant d'elle « surtout » un ensemble de règles morales, comme aux Etats Unis, je pense vraiment que dans certains pays de la vieille Europe où elle s'est imposée dans un processus historique et culturel, douloureux et souvent sanglant, elle est vécue comme une absolue obligation et aussi, la moins mauvaise des solutions, même si des pulsions populistes ou autoritaires peuvent exister fréquemment, et surtout en période de crise.

En tous cas, mondialisation ou pas, il me paraît illusoire pour le moment, de vouloir comparer les deux systèmes, car, heureusement, l'Histoire et les Cultures, donc, la Mémoire des Hommes, ont encore leurs mots à dire et leur signification. Disant comparer, je veux aussi dire qu’il me paraît inconcevable de vouloir imposer à l'autre un système particulier, ce qui est bien, encore de mon point de vue, la tentation des admirateurs de la démocratie américaine et de l'hyper libéralisme économique. Et c'est bien sur ce terrain que devrait s'exercer la politique « noble », précisément sur le sens de la démocratie et de l'Etat, dans leurs rapports aux citoyens.

Mais à toute chose, malheur devrait être bon, et le « show » de la justice américaine en action, devrait aussi nous inciter à bien réfléchir sur le rôle du Juge d'Instruction, justement dans l'hypothèse d'une justice égale pour tous. Le bon coté si on peut dire américain, étant qu'effectivement les affaires sortent avec violence et sans état d’âme, le mauvais étant bien, que dans le règlement judiciaire, la position sociale du présumé coupable peut y jouer un rôle tout à fait prépondérant, indépendamment même de la vérité.


jeudi 19 mai 2011

Le Bal des Faux Culs

Je vais vous dire, en dépit de mon « orientation » politique, Dominique Strauss-Kahn n'a jamais été ma tasse de thé. Sa candidature possible me posait même un vrai problème de conscience politique dont je redoutais qu'il ne me conduise à m'abstenir au second tour. Bon, ce problème là, ne se posera plus.

Soyons clair, s'il a fait ce qui lui est reproché, c'est évidemment dégueulasse, comme est dégueulasse tout viol, sur femme, enfant, voire homme, mais oui, cela existe aussi, et ne peut qu'être lourdement blâmé et puni.

Je constate seulement que pour l'heure, c'est l'acte d'accusation qui domine, prend le devant de la scène, le monopolise. La défense n'a pas droit au chapitre. C'est le fonctionnement de la justice américaine, avec des procureurs et juges élus. Je ne sais pas si elle est meilleure ou pire que la notre, je ne suis pas juriste. Elle est ainsi, ils en sont très fiers. Ils peuvent inquiéter un Président pour une misérable fellation plutôt consentie, quoique lorsqu'on est stagiaire comment refuser à un Président, pour un mensonge aussi. Me cago !!!!!!!! Ensuite selon vos moyens financiers, vous pouvez vous battre, et établir une « vérité » juridique. Mieux vaut avoir les moyens.

On a connu l'Amérique moins regardante sur les frasques sexuelles de JFK, tiens encore un K, mais ici, voyez vous, il s'agit d'un viol, au moins, pour l'heure, d'une accusation de viol. Et d'ailleurs, la victime, a craché du sperme sur la moquette et a pu indiquer les endroits précis.

Mais bon, je veux bien que la victime, terrorisée se soit laissée intimider, par ce type athlétique qu'elle ne connaissait pas, malgré le trombinoscope affiché dans l'hotel. C'est nous dit t'on, une Peul splendide de 1m80. En fait, je n'ai que faire d'une justice salace qui distille les détails émoustillants qui font du tirage.

Je suis même prêt à croire qu'elle a été violée, et à ce titre, elle a droit à toute ma compassion, comme ces gamins violés dans des internats ou des sacristies ou des ecoles de la République ou des colonies de vacances ou dans ces voyages du tourisme sexuel, ou ces gamines brisées dans les rues, les bois. Mais tout de même, le bon sens populaire dit «  qui n'entend qu'un son de cloche etc ».

Pour le moment on est réduits à observer le bal des « faux culs ».

Il ne se passe pas une heure sans qu'une personne autorisée, bien sûr , ne nous affirme qu'il était « du genre dragueur lourdingue », comprenez insistant. Cela se savait, mais était t'il le seul ?

Une « journaliste et écrivain » est immédiatement sortie du bois pour se dire violée, aussi. C'est bon pour le futur bouquin, ça coco ! Mais très franchement, à la place de sa mère élue socialiste, il me semble que j'aurais renvoyé ma carte, au lieu de la dissuader de porter plainte.

Même une mère maquerelle, mais en « call girls » c'est à dire haut de gamme, vous savez celles dont la seule conversation érudite et angélique justifie plus de 1500 euros pour 2 heures d'extase métaphysique, aurait eu des plaintes de ses anges au sujet des manières un peu rudes du prévenu. Dans ce cas, si cela se savait, pourquoi continuait t'elle à envoyer des filles ? C'est de la non assistance à personne en danger.

Les journalistes femmes (étrangères) défilent aussi pour dire qu'il pouvait échanger une interview contre des galipettes. Les françaises elles, savaient évidemment, on le voit à leurs sourires et airs entendus. Est t'il le seul ?

Je constate que business oblige évidemment il y a une forte interpénétration si on peut dire entre les journalistes féminines, et les politiques de haut rang. C'est que, n'ayant plus rien à dire, la politique n'est plus que de la com. Et, entre pros, n'est ce pas ?

C'est vrai que s'il a violé cette mère de famille méritante, black, travailleuse, et même musulmane, mais oui, lui le juif, ça a une sacrée voilure ! De plus, les français ont emmerdé les Etats Unis dans l'affaire Polanski, et compte tenu de ses fonctions, notre « bandeur » impénitent ne devait pas avoir que des copains.

Il paraît qu'il y a une justice aux States, alors, laissons la travailler


mardi 17 mai 2011

"Toros du Diable"

Qu’on ne s’y trompe pas, « Les Toros du Diable » est bien plus qu’un livre taurin, voire même tout à fait autre chose. Le titre peut induire en erreur.



Olivier Deck est un chercheur, un défricheur de l’Art et des Arts et, bien sûr de l’écriture. Il revient ici à la manière de ses débuts romanesques (le très remarquable « Chopines ») : truculence parfois, mais aussi dérision, nostalgie et ce temps qui s’accroche , en griffant, aux âmes des hommes. Avec en plus,  ici, une  épaisseur, une réflexion sur la vie et ce qu’il faut de lucidité et de renoncement pour ne pas se tromper de rêve. Vaste programme.



C’est donc d’un parcours initiatique dont il nous parle, où les toros, objets de rêve, sont un outil littéraire, permettant d’exploiter des personnages hauts en couleurs, dérisoires et attachants, laissés pour compte aussi et  brisés, affabulateurs encombrés d’un rêve qui n’a pas voulu d’eux, dont le mundillo et certains quartiers de Madrid regorgeaient.



Car, dans le monde de Deck, les hommes sont rongés par des rêves inassouvis, et sont de plus incapables de les assumer. Tous aussi marqués par la corne du toro de la vie, grande briseuse de rêve. Et pour ne pas avouer l’échec ou simplement l’erreur,  ils sont menteurs, petits escrocs, flics ou mythomanes. Ils errent donc dans le  récit, se croisent.



La femme, elle, assume : fasciste terrateniente, ou pute sereine, ou infirmière sexy. Lorsque les hommes sont brinquebalés par les soubresauts de leurs rêves, leurs écorces de mensonges s’effriteraient, alors ils en rajoutent, pour s’inventer une vie digne d’eux.



Les femmes sont des repères sûrs et impossibles à duper. Et évidemment, les femmes  savent que les rêves sont les rêves, car le premier de la femme est l’enfant, qui se fait aussi dans la douleur. Et quand l’homme est pris dans l’écume douçâtre des rêves, seule la femme peut fermement le ramener en terre ferme, en lui faisant croire qu’il a grandi et qu’il n’est plus un enfant.



Car chez Deck, la femme est le repère, la force, la ténacité. La seule qui assume ses revers accrochée à la réalité de la vie. C’est elle qui orchestre les vies de la « neige éternelle » ou l’ordre de « l’auberge des charmilles » autour d’une « chopine » ou d’une soupe qui serait autre chose qu’un jus de légumes bouillis.



Les hommes aimeraient être importants, ou singuliers, ou simplement admirables. Toujours. Ils traînent leurs échecs comme des oriflammes, incompris qu’ils ont été. Les femmes portent sur eux un regard faussement crédule.


On aime ce regard qu’il porte sur les gens : sans concession, aigu, mais toujours, au fond tendre et qui jamais ne juge. C’est sa marque, ce qui donne sa consistance et son timbre à  la voix de son écriture, toujours élégante, distanciée, musicale et rythmée.

Avec derrière, plus de rémanence et cette vibration intime que laisse le son d’un instrument lorsque le virtuose y a mis son âme aussi. En tauromachie, on parle de « mettre la jambe », mais aussi de « duende » pour certains élus.


Admirateur du divin manchot, il trouve aussi dans les toros une mine picaresque. Mais c’est aussi un picaresque revisité où l’écriture elle-même joue, de trouvaille en trouvaille, mêlant différentes techniques modernes dont celle du scénario, d’un théâtre libéré des planches et pourquoi pas de la BD, de la peinture aussi, par ces paragraphes parfois très courts, colorés et si complémentaires.  Et on se laisse prendre par cette écriture, jubilatoire, libérée, pulpeuse, imaginative, parfois déroutante,  imagée et précise. L’écriture d’un auteur qui va vers sa plénitude artistique sereine.



Je suis sorti bouleversé de cette lecture qui nous confronte aussi à nos propres rêves, ceux que nous avons laissés au bord du chemin de la vie, parce que, aussi, ils n’étaient pas faits pour nous.

lundi 16 mai 2011

Drôle d'histoire

Il fut un temps où je fus heureux, comme on dit d'être de gauche, sachant que de plus, je suis toujours incapable d'être d'ailleurs. Donc, me dira t'on je n'ai aucun mérite. C'est vrai puisque je n'ai pas le choix.



L'histoire de Monsieur Kahn, me ramène à des dimensions peut être un peu moins théoriques ou dogmatiques. J'ai vu ces images de ce quidam, emmené mains entravées dans le dos, puis dans la salle d'enregistrement, en compagnie d'un black, super Harlem, qui se demandait pourquoi cette agitation.



Puissance terrible de l'image.



Et donc, on pourrait pour une faute grave, passer du statut d'un des hommes les plus puissants du monde à simple délinquant, et quel que soit le prix des avocats employés à plein temps sur le truc.



Dominique Strauss-Kahn ne représentait pas du tout la gauche en laquelle je me reconnais. Je n'aimais pas du tout ses espèces de hochements de tête auto satisfaits, pas plus que je ne me reconnaissais dans ses silences.



Mais il est tellement facile à postériori de tuer.



Car enfin, s 'il s'agit d'une pulsion, c'est du domaine de la psychiatrie, s'il s'agit, ce qui n'est pas impossible, d'une « barbouzerie », qu'un homme de cette intelligence , ne se soit pas préservé de ce risque est tout aussi disqualifiant.



J'attends Sarko s'émerveillant sur le ventre rebondi de Carlita, et vous me pardonnerez, pense à mon cher Manuel Azana, qui ne savait même pas qu'il était de ma gauche, enterré au cimetière de Montauban, ruiné et mort dans une chambre d’hôtel payée par ses amis, pourchassé par les hordes de Vichy.