Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

lundi 14 septembre 2015

Au nom du père.


Ce fut un week end taurin de rève. Non aficionados s’abstenir. Hommes de préjugés tels que moi, faites  amende honorable. Et simplement regardez.

Les « toristas » d’autant plus virulents qu’ils sont jeunes et bons plumitifs, tiennent à se distinguer du «  vulgum pecus » ignare par leur vision acérée, disons cérétane, anciennement  vicquoise de la corrida. Il est des tabous : Prieto de la cal, pur Veragua, je me marre, Cuadri « sang unique » alors que c’est un patchwork indescriptible, et que si on m’agace je décrirai. Au moins ce qu’on en sait, qui comme chacun sait est une vision édulcorée de la réalité. Les ganaderias sont des laboratoires culinaires. Les chefs gardent leurs recettes, disent ce qu’ils veulent, surtout des mensonges, et les aficionados se gargarisent de sang pur ou unique, pour abreuver leurs sillons de connaissance taurine.

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, j’ai le regret de vous dire que tout n’est qu’une question de sélection, qu’il y a de la caste chez le domecq, qu’il peut y avoir chez le domecq, aussi, des toros préformatés pour les figuras, ce qui fait leur succès commercial, , qu’il y a des saloperies chez les domecqs, tout comme il y en a chez les prétendus santa coloma, saltillo, veragua  et autres mignardises, mais d’un autre genre. Mais surtout que c’est le public qu’il faudrait éduquer.


Lorsque l’aficionado fait dans la pureté cela fait un peu rire, étant impur le Domecq, ( Juan Pedro bien sûr, mais aussi Parlade, Jandilla, Fuente yimbro, Pedraza, et tant d’autres). Ajoutons en un : Montalvo, si décrié.

Olivier était avec moi lors de la corrida de Cuadri. Nous espérions beaucoup, même si nous savions qu’ils étaient mal sortis à Madrid. Eliminons ce qui doit l’être et n’a rien à voir dans le débat. Castano, dévoré à la cape, inexistant ensuite, faisant la vedette américaine d’une cuadrilla qui n’en menait pas large dans son cabotinage. Bordel en piste, torero pétrifié. Il faut savoir s’arrêter quand on ne peut plus.

Robleno est le seul qui curieusement, ne se soit pas fait bouffer à la cape. C’était de bon augure à ses deux toros.  Hélas il est retombé dans ses travers rédhibitoires : demis passes, pico, en précisant que se croiser en allant chercher la corne opposée avec le pointe de la muleta, alors que l’autre bout de la muleta est derrière la fesse, puis tendre le bras en travers, équivaut à se décroiser (sic, Olivier).

Ledesma a fait ce qu’il a pu : son denier était un os au comportement étrange : on a supposé, défaut de vue, mais aussi toréé, bref, une saleté.

Ceci dit, ces toros étaient même mansos,  du style , mala casta, sujet tabou, pour les cuadriphiles. Bon disons mauvaise corrida qui plus est mal lidiée, mal toréee,  je veux dire que sans avoir été un de leurs adeptes, j’aurais aimé voir ce que Ruiz Miguel, ou Diego Puerta, voire Ostos et quelques autres auraient fait de ce type de toros qui étaient plus dans leur répertoire. Mais quand on commence par se faire bouffer dès la cape, le reste n’est pas possible car les bougres ont tout compris.

Laissons faire  Monsieur Cuadri qui ne donne pas dans la langue de bois, le tout étant de savoir dans cette mélasse de sangs pour donner un « sang unique » par sa composition étrange et préhistorique, par quel bout il pourra opérer le « rafraichissement » qui semble s’imposer, tout en admettant que lorsqu’on cherche de la caste, on s’expose à des désillusions.

Venons-en à cette corrida de Montalvo. Je n’étais pas chaud pour y aller, ce qui me valut de me faire « chambrer ». J’ai même dit que je venais pour «  JuanMora », imbécile va ! Peut être en subconscient en référence au « Mora, Mora » malgache. Je peux être abruti aussi. Ou de mauvaise foi.

Donc, voilà, je n’appréciais pas Manzanitas, je ne sais plus exactement pourquoi, trop figurita, trop top model, trop  beau, trop señorito, et je lui voyais les défauts de la fin de règne de son père, un des précurseurs du toreo moderne rectiligne. Quant à Perera !

Juan Ignacio Perez Tabernero est lié depuis longtemps à Dax, ainsi que toute la famille Tabernero. Il a emmené une corrida très bien faite, harmonieuse, élégante dans le type. Les toros sont sortis avec de beaux galops, bouillants. Mora s’est fait bouffer à la cape par ses deux toros, le reste  fut lamentable et pathétique : assassinat aux piques, impuissance du torero, nullissime. Il est venu chercher son chèque, point.

On sentait bien que Manzanares était très concentré, très dans sa corrida, comme on dit d’un joueur qu’il est dans son match, très attentif. Il sut arrêter ses toros à la cape, opposant la soie à la violence, les mettant aussi en confiance. Nul cri, j’ai horreur des toreros gueulards, un petit « rha, rha », toujours calme. C’est lui-même qui mit en « suerte » ses toros pour les piques, évitant soigneusement de les faire partir de loin. Bravitos les toros de Juan Ignacio. Piques dosées « levanta el palo » dit le jeune maestro et le picador écoute, tout ceci sans geste superflu.

Pour les banderilles, aucune passe superflue, une seule pour chaque mise en « suerte ». Une perfection de lidia étroitement contrôlée par le jeune maestro.

Ensuite, mes seigneurs, le sens du placement, de la distance exacte, une ceinture incroyable. Cours de toreo, donner du temps au toro, lui donner de la distance, et lui servir une petite série, toujours parfaite.

Je pense aussi qu’il avait établi un dialogue avec son père, dans cette plaza où enfant il  l’accompagna dans sa vuelta. Les puristes diront que la seconde faena fut mieux encore, je ne sais pas, j’étais sous le charme de cette toreria honnête, suprêmement élégante, méticuleusement juste et respectueuse dans l’attitude torera. Deux faenas, deux bijoux finement ciselés, sobres et élégants, ponctués de deux énormes estocades, dont la seconde dans un recibir fabuleux sous les yeux du ganadero.

Et encore une fois, ces toros avaient de la caste, du fond, plutôt braves, et demandaient à être toréés, c'est-à-dire qu’ils avaient du piquant, pouvaient donner des coups de tête et ne pardonnaient pas tout.  En tous cas, rien à voir avec les borregas dont les figuritas sont friands.

 Je suppose que pour un ganadero ce doit être un bonheur de voir deux de ses exemplaires entre les mains de ce Manzanares hier béni des dieux.

Le premier de Perera était probablement un grand toro, mais il se blessa  à une patte en s’emmêlant dans une cape. Il tint debout et chargea par sa race mais était handicapé. Le second de Perera fut le seul faiblard et sans grand intérêt.

On pense que très ému, et toujours en deuil de son père dans son costume noir, le fils dédia le triomphe à son père.

Ole Torerazo !

lundi 31 août 2015

Plutôt que de voir ainsi agoniser Las Ventas............


Ce week end du 22 Aout  j’avais décidé de rendre visite à mes amis de Madrid, la Condesa et  Angel Luis. Samedi délicieux, déjeuner avec ma chère Carmen, puis soirée avec Angel Luis et l’historien Grimaldos. Cette tertulia s’est achevée vers 3heures du matin, dans un bar sur une place près de Carabanchel, qui maintenant ressemble à une cocotte minute renversée. Quelle horreur !
Le dimanche tapas, canas et déjeuner a La Puerta Grande et  nous nous sommes retrouvés les 3, La Condesa, Angel au tendido 3 alto.
Angel m’avait dit, « en Aout, c’est parfois intéressant, on peut voir des toros et des toreros qu’on voit peu". Bon !
Toros de Lagunajanda, origine Salvador Domecq, 3 toreros : Lopez Chaves, (3 corridas en 2014), Victor Janeiro, ( le frère de Jesulin, 1 corrida en 2014), et Julio Parejo qui  confirmait son alternative. On le voit, tous auraient dû avoir quelque chose à montrer.
Un tiers d’arène, quelques touristes égarés, chaque torero a amené sa claque, nous sommes à coté de celle de Janeiro.
La corrida pèse 540 kilos de moyenne, plutôt correctement présentée donc. Le premier se brise la corne, il sera changé avec un autre. Deux sobreros donc de « El Risco » et « Conde de la Maza ».
Les toros sont d’une faiblesse insigne, scandaleuse, qui plus est totalement décastés et obligés de « se battre » sur place.   A part deux « gordos » que Carmen connait au 4, aucune réaction. Ils sont habitués à se faire sortir par la police, là à part un début un peu bruyant et quelques palmas de tango, ils se sont tus, anéantis.
Que dire ? Des cuadrillas honteusement absentes et je m’en foutistes, d’une vulgarité rare. Des toreros plus que limités et qui semblaient aussi s’en foutre, un public amorphe. Un laisser aller et un "bordel" incroyables en piste. Des chevaux de picadors qui s’affalent au moindre contact et qui dorment à terre, il faut presque un cric pour les relever. Et dieu sait que ces toros n’étaient pas des foudres de bravoure ni de force. Je pense qu’on avait dû forcer un peu sur les sédatifs . RIDICULE ! Je pense à la cuadra de Bonijol et le splendide Tabarly.
Je connais des arenes en France où un tel spectacle, toros et toreros, aurait déclenché une émeute, demandé la démission des organisateurs, du maire ou peut être du député du coin. Là rien.
Un ennui pharaonique, je parle du repos dans la pyramide, une tristesse infinie, des souvenirs de las Ventas qui se bousculent. Angel  et Carmen, ventenos purs et durs me disent que c’est ainsi désormais à las Ventas.
Carmen, très triste me dit que « plutôt que de voir ainsi agoniser las Ventas, je préfèrerais la prohibition » . C’est dire ! Bon elle a parfois tendance à exagérer mais tout de même, quand on sait ce que pour elle représentent Las Ventas, on frémit un peu.
Nous nous sommes séparés en silence devant Flemming, Carmen vers son métro, Angel vers sa voiture, et votre serviteur vers son taxi. Nous n’avions même pas le cœur à aller « batailler » dans un bar taurin.
Que l’aficion de la prétendue première arène du monde soit dans cet état est bien pire que toutes les attaques des antis.

dimanche 16 août 2015

Immense corrida de Pedraza de Yeltes.


On attendait les Pedraza au virage. On ne fut pas déçu. De la bravoure, de la noblesse souvent, et de la caste. Un trapio impressionnant, des têtes à donner des cauchemars aux toreros, longs, hauts, puissants.

Ils livrèrent tous un vrai combat, âpre, exigeant, avec des tercios de pique hallucinants qui mirent une fois de plus en évidence la toreria des chevaux de Bonijol et des picadors, pour une fois fêtés.

 J’en ai vu au bord des larmes près de moi, émus par ce spectacle d’un autre temps, ou sans mots pour dire ce qu’ils ressentaient.

Et ce sixième toro, une montagne de nerf de sauvagerie et de bravoure pure. Del Alamo l’avait plutôt bien entrepris à la cape, mais dès qu’on ouvrit la porte du patio de caballos, à l’autre bout de la piste, on laissa échapper le monstre qui partit directement sur le cheval. S’en suivit un tercio hallucinant, le toro poussant comme un enragé, y compris sur le cheval démonté. Chutes bien sûr, peur pour le cheval et pour le picador.

Lorsqu’enfin le monstre lâcha le cheval, ou plus exactement lorsqu’enfin on réussit à l’en détourner, il sema la panique pour les banderilles. Del Alamo eut l’immense mérite de faire face à ce grand toro et, à sortir une vraie bonne faena, car le Pedraza était plutôt noble, type piquant encasté. Une bonne estocade et un tour de piste pour cet immense toro, qui réellement, s’il avait pu être correctement géré à la pique, était, à mon avis d’indulto car plus que complet. Del Alamo avait déjà coupé une oreille à un extraordinaire rouquin, brave aussi, bien sûr, et avec une alegria dans la charge incroyable. Vuelta aussi pour cet extraordinaire toro.

Nous étions beaucoup à nous dire que nous n’avions peut être jamais vu une corrida aussi complète, aussi émotionnante.

ET maintenant venons en au  hiatus. Une partie du public, la plus gueularde, refusa la sortie à hombros du torero. Chacune de ses oreilles était plaquée or pourtant. Que lui reprochait-on ? D’avoir perdu le contrôle du toro pour les piques, sûrement. C’est cruel, car nul ne sait si quiconque aurait pu contenir ce volcan de bravoure brute et de sauvagerie, (fiereza). Ensuite il fallut le consentir, ce que le petit homme fit très bien.

Continuons. Commentaire ce matin de Terres Taurines d’un mystérieux correspondant. Je copie et colle :

« Le succès remporté par la ganaderia de Pedraza au détriment des toreros et surtout de Juan del Alamo, injustement maltraité par le public qui ne le laissa pas sortir a hombros, ne doit pas masquer l'absence d'identité de ce troupeau, ni franchement toriste, ni réellement de qualité, mais dont les toros font parfois illusion en imposant leur masse physique qu'il ne faut pas confondre avec la véritable bravoure ».

Certes, ce n’est pas Viard qui a écrit cette connerie, mais il est responsable de sa publication.

vendredi 14 août 2015

Urdiales: comme un haiku


J’avais voulu voir Urdiales et les Jandilla de Borja Domecq. Ce dernier est un homme jeune et vraiment charmant. Il était là accompagné de 3 de ses 4 filles. « Ni un macho ». De très jolies fillettes, bien élevées et avec de très beaux yeux bleus.

Les toros fournirent une corrida intéressante, plutôt bien présentée, et avec pas mal de bois. Des comportements variés, âpres ceux de Urdiales, avec ce piquant propre à la maison  mais aussi des coups de tête violents, ceux de Adame étaient les meilleurs, avec des charges vibrantes, longues et profondes. Le mexicain en tira un bon parti et fit admirer une bien jolie aptitude à lier les passes et à tirer le bras.

Très mauvaise après midi pour Leal, qui étouffa son premier toro, refusant de lui donner l’air qu’il méritait, dans un toreo voulant imiter Paco Ojeda. A son second soso mais peut être abimé à la pique, il voulut prendre le contre pied : puerta gayola et plongeon, le toro passe au dessus, seconde tentative en piste, même plongeon. Ouf dangereux et inutile mais sans bobo. A la cape, le torero cède du terrain à chaque passe. Il tente ensuite de donner de la distance au toro, prenant le contre pied de ce qu’il avait fait à son premier. Il termine sa faena dans un ennui profond. Mauvaise journée, pour ce jeune torero, déjà desservi par sa grande taille, mais qui en plus sembla perdre ses « papiers ». Peut être voulait t’il trop bien faire ? Cuadrilla totalement dépassée !

Reste Diego Urdiales. Il toucha les plus difficiles du lot, le premier un rouquin violent, court, puissant et dangereux, le second moins compliqué peut être, mais court aussi. A la cape, Urdiales gagna du terrain à chaque véronique, pour terminer au centre. Ce n’était pas si simple devant le premier tambour major.

Je vais tout vous dire, j’ai adoré ce toreo très court : Urdiales utilise un répertoire très

restreint de passes, et se refuse à toute fioriture ou concession au public. Ce n’est certainement pas un manque de respect, c’est sa conception du toreo, qui rappelle certain,  celui à  l’ancienne des années 70 et de façon évidente, le maestro Antonete.

L’homme est habitué aux tontons, ceci se voit. Il est calme, toujours réfléchi, bien placé.

Son toreo est quasiment une épure, une recherche de stylisation, dans un dépouillement quasiment ascétique. Chaque passe est un bijou de sobriété de justesse et d’efficacité, minimaliste comme un haïku.

Devant ce toreo si pur, si madrilène d’antan, j’ai ressenti une vraie émotion, une nostalgie
aussi et un vrai bonheur. Mais cette absence voulue de concession, monte difficilement aux gradins. Une demi-arène y fut apparemment sensible et ce n’est déjà pas si mal. Pour cette raison, la Présidence se fit prier, c’est un euphémisme pour accorder l’oreille, amplement méritée de son second toro.

Enhorabuena y gracias torerazo !

dimanche 31 mai 2015

La dernière de Viard


L'insuffisant nain prétentieux Président de l'ONCT recommence. On savait déjà ses analyses pseudo historiques désastreuses, sa prétention insubmersible, mais voilà, après une accalmie où il a défendu très exactement le contraire de ce qu'il avait jusqu'alors défendu en matière de corrida, le voici revenu à ses classiques, et son incapacité à laisser les espagnols régler leurs problèmes, sans leur expliquer ce qu'ils doivent faire.



Ce jobard nous parle en fin de texte aussi, c'est dire sa rigueur intellectuelle « de la traduction ultra minime en sièges des voix majoritaires du Front National lors des dernières élections régionales françaises ». Circulez il n'y a rien à voir.




Bon ça c'est en passant et n'est pas le fond du problème. En fait son édito est une charge virulente contre « Podemos » qui tout à fait démocratiquement, c'est à dire en comptant les bulletins de vote est arrivé très bien placé aussi bien à Barcelone qu'à Madrid, lors des élections municipales. Podemos , vous savez ce parti issu des indignés espagnols, dont il fustige le « leader à coleta », Iglesias donc, comme le fondateur du PSOE au début du siècle précédent.



Donc le Dédé qui a ses bienfaiteurs en Espagne, voue toujours une admiration sans borne à Esperanza Aguirre y Gil de Biedma, comtesse de Murillo et Grande d'Espagne qui évidemment a donné son opinion, qu'il répercute de la façon suivante : « ...que Madrid aura désormais une maire issue de l'extrême gauche et désireuse, comme l'a glissé Esperanza Aguirre, de créer un soviet dans chaque quartier ».Pas exactement une poulette de l'année la comtesse et nul ne peut la soupçonner de gauchisme, pas plus que Madame Aznar la maire actuelle de Madrid. Madame la comtesse est candidate pour le PP à la Mairie de Madrid après avoir été présidente de la Communauté de Madrid.



Elle se trouve actuellement en position très inconfortable face à Podemos, avec seulement un siège de
plus. Sa rhétorique purement révisionniste est là pour réveiller les nostalgiques de la Phalange, les catholiques intégristes, et aussi les nostalgiques de Franco.



Quand il n'était plus défendable de justifier la « légitimité » du putsch des généraux du 18 Juillet 1936, on a sorti une conspiration communiste alors même que le Parti communiste n'était pratiquement rien en Espagne, sur la foi de documents qui s'avérèrent être des faux grossiers. Mais ceci avait suffi à rallier l’Église qui en faisait état encore mi 1937 lorsqu'elle justifiait l'insurrection franquiste auprès des catholiques du monde entier. De plus le Kominterm s'était clairement prononcé pour une alliance avec les « partis bourgeois ».



« ...un soviet dans chaque quartier... » ce n'est pas un hasard, cela évoque les « casas del campo» de la seconde république espagnole, dont le rôle était de représenter et si possible de défendre les ouvriers agricoles. Horreur, horreur, horreur ! Mais surtout cela évoque le vieux délire franquiste anti communiste, du soulèvement qui avait sauvé l'Espagne de la main mise de la Russie et faute de tout argument juridique le légalisant, avait le mérite, à leurs yeux de le justifier ainsi. Même le malheureux Unamuno dont je reparlerai avait enfourché cette connerie de la conspiration communiste et vu d'un très bon œil le soulèvement.



Après tout, le nain prétentieux et atrabilaire, peut penser ce qu'il veut de Podemos, ou de cette démocratie qui a permis son émergence. Il voue toujours un amour immodéré à Esperanza Aguirre, remise apparemment et on s'en réjouit de sa maladie. Il est évident qu'entre elle et l'ambassadeur de France à Madrid, qui lui offrit un lancement à nos frais en l'Ambassade de « Tierras Taurinas », son entrisme forcené dans les organes influents Ppesques a largement été favorisé.



Cette thèse du complot russe, à grand renfort de presse, de propagande, de Télé a été maintenue par les Franquistes jusqu'à la mort de leur Dieu. Pourtant dès les années 50, l'immense Southworth, dans son « mythe de la croisade de Franco » avait clairement révélé mais surtout démonté de façon historiquement irréfutable la supercherie.
 Le franquisme a toujours fonctionné dans le déni, souvent le mensonge. Le massacre de Badajoz en Aout 1936, par exemple, a toujours été nié, je dis bien toujours malgré les témoignages de journalistes de premier ordre, et l'affirmation, d'un ton patelin de Yague, responsable de cette tuerie, "qu'on n'allait tout de même pas laisser 4000 rojos derrière nous". Ce fut identique pour Guernica, qui selon les franquistes avait été détruite par les « rojos » eux mêmes. On pourrait citer des exemples à l'infini, mais ce n'est pas tout à fait l'objet ici.


Et le plaisantin du Boucau, d'en mettre encore une couche historique dans la plus pure tradition franquiste ou révisionniste, mélangée à une méconnaissance absolue, peut être volontaire du sujet. Ainsi nous inflige t'il que le programme de « Podemos », « ...dans certains domaines ressemble à celui qui mit l'Espagne à feu et à sang en 1936………. ».



Alors je voudrais rappeler à l'ignare pontifiant, que certes en 1931, la gauche était arrivée au pouvoir suite à des élections municipales perdues par la droite, et c'est vrai avec un programme qui visait tout simplement un bouleversement sociétal. Je m'explique : les thèmes forts était bien sûr, l'arrêt du financement de l’Église catholique, le ralentissement de sa main mise sur l'éducation en aidant au développement de l'école publique, et l'interdiction de la Compagnie de Jesus. Donc une séparation de fait de l’Église et de l’État. On jugeait en effet que la très riche église espagnole était complice des injustices sociales et des persécutions.



Réformer l'Armée surnuméraire en généraux et hauts gradés, jusqu'au grotesque, après les généreux avancements liés à l'inutile Guerre du Maroc. On proposait donc aux militaires qui le souhaitaient de quitter leur poste, tout en recevant leur solde. Les autres, pouvaient continuer à condition de jurer leur loyauté à la République. Franco le fit.



Autoriser l'Autonomie de la Catalogne puis du Pays Basque.



Entreprendre une réforme agraire, jugée par tous nécessaire, y compris, faut t'il le rappeler les fascistes de la Phalange. Cette réforme ne put jamais être mise en œuvre, pendant les deux premiers années qu'a gouverné la gauche.



Peu importe on ne va pas rentrer dans le détail de ce programme, car la gauche perdit les élections en 1933 en grande partie à cause de l'immense connerie du leader syndical Largo Caballero, et la droite fit tout pour défaire les avancées modestes, surtout au plan salarial. Ceci provoqua aussi la grande émeute de 1934 en Asturies, où la gauche n'est pas exempte de reproches, mais qui fut réprimée par Franco lui même et les troupes marocaines, regulares et tercio. On craignait en effet que les soldats espagnols du continent répugnent à tirer sur des espagnols. La répression menée par le sadique « Dorval »  fut terrible.



Début 1936, la gauche gagna à nouveau les élections sur la base d'un « front populaire » qui n'avait
de front populaire que le nom. Son programme était une version édulcorée de celui de 31, et on tenta à nouveau de mettre en place la réforme agraire et surtout on amnistia tous les prisonniers politiques ayant participé ou approuvé la révolution ouvrière de 1934.



Il est vrai que le programme initial voulait s'attaquer aux trois piliers fondamentaux de la société d'alors : l’Église, l'Armée, et les grands propriétaires terriens. Et donc pouvait avoir suscité bien des insatisfactions dans la partie la plus réactionnaire de la droite. Dire que c'est ce programme qui a causé la Guerre Civile reste plus que discutable, mais ce n'est pas le sujet ici.



Ce qui est par contre complètement crétin est de faire un parallèle ente ces programmes de 1931 et 1936 et celui de « Podemos » que j'ai pris le temps de lire attentivement, qui s'intéresse au bien vivre des espagnols, qui en a pris un sacré coup, prône la nationalisation de la Banque d'Espagne et une vraie séparation de l’Église et de l’État, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui car l’Église est encore financée par une forme d’impôt.. A ce sujet, il est amusant de constater que Zapatero fut de ce point de vue le plus grand bienfaiteur de l’Église. Oui je sais ils prônent aussi les 35 heures et la retraite à 60 ans. On est même frappé d'un certain point de vue par la « modération » de ce programme, soit disant issu de l'extrême gauche voire de Moscou pour Esperanza et le minus. Il est vrai aussi qu'à la quarantième et dernière page du programmes le paragraphe 6.7 parle de la protection animale : « 6.7- Proteccion animal, nueva exigencia socia l » un petit paragraphe d'une dizaine de lignes, dont « …….Interdiction de la tauromachie et du trafic des espèces exotiques ou en danger d'extinction………. ». Je pense que pour un juriste il y a fort à faire si on démontre qu'en fait la tauromachie concourt à la sauvegarde d'une espèce en voie de disparition.



En tous cas, la comparaison est manifestement imbécile et est faite pour remuer les vieux démons du franquisme.



Voilà je comprends maintenant beaucoup mieux pourquoi Wolff s'est désolidarisé d'avec Viard, dans une lettre à campos y Ruedos que je me permets de retranscrire :



« Bonjour,
Je tombe sur votre site et sur la question qui m’est posée à propos des déclarations personnelles

d’André Viard. Je tiens à préciser que, quel que soit le travail accompli par l’ONCT, que je tiens à saluer, je ne fais moi-même plus partie du bureau de cette association depuis l’été 2012 ; je l’ai quitté non seulement parce que j’estimais que les membres fondateurs devaient être renouvelés, mais également parce que je ne souhaitais pas me solidariser avec certaines prises de position publiques de son président.
Bien cordialement, Francis Wolff. »




Rien à ajouter

jeudi 7 mai 2015

Tomas


Mon cher Marcos,



tu me permettras de répondre ainsi à tes deux dernières publications. En effet tout ceci méritait mieux qu'un commentaire.



Tout d'abord, la chose vraiment importante pour moi est ton bonheur retrouvé et te lisant avec joie, je pense à ce cher Georges de Sète, « Je m'suis fait tout petit devant une poupée……….. » etc. Gloire donc à elle d'avoir apaisé l'éternel grincheux, atrabilaire, que parfois, moi même, dans mon immense bonté et tolérance avais du mal à encaisser. Vivez heureux c'est la seule chose qui compte, avec comme seuls espoirs des lendemains.



Pour le reste, ton post sur cette décono-conférence, mais que ne dit t'on pas comme conneries en matière de corrida ? Les psy lorsqu'ils sont parfois compétents, peuvent être, je le sais, des recours irremplaçables, ou des fossoyeurs forcément innocents dans le cas contraire. Métier difficile que de toréer l’âme.



Ils devraient savoir pourtant, et est ce un hasard, que ceux qui à 99 pour cent des cas parlent le plus lamentablement de leur métier sont les toreros eux même. Tomas a le mérite d'être un sphinx. Il est vrai aussi, que nombre de toreros ont le psyché d'une moule, je parle du mollusque bivalve. Tomas on ne sait pas. Quoique sous influence de ma Condesa j'aie un préjugé favorable. Mais bon !



Je pense comme toi que Tomas est torero, comme tous ceux qui vont se mettre un chiffon à la main devant un toro. Si on peut assez aisément expliquer le désir d'être torero par une culture, une imprégnation, mais aussi le désir d'une gloire rapide, ils admettent tous, les postulants, que la chose est tout de même risquée. Ensuite, comme pour les voitures, c'est une question de statistiques, plus la dangerosité du bétail, et la certitude que virgencita vous protège.



Ce qui est plus complexe est modéliser le talent ou le génie. J'attends qu'un psy m'explique Picasso, ou le mec qui traverse les chutes du Niagara sur un fil.



L'émotion de Tomas, de mon point de vue provenait de ses propres lacunes ou de son obstination à toréer tous les toros de la même façon. Ayant revu quelques faenas historiques sur mon PC, il est vrai qu'alors, son placement défiait toutes les lois et à force de volonté, il arrivait à s'imposer aux toros. Lesquels disent certains perfides ? Il ne faut pas entrer dans ce jeu.



Chaque fois qu'il se faisait prendre c'était une faute technique dira t'on, ou une obstination, ou une absence d'humilité. Et bien sûr, il restait sur le fil du couteau, non de la corne, avec un courage proche de la folie, avec un apparent détachement. Il paya durement cette folie, remplissant les arènes. Nous étions quelques uns à nous dire, « il s'est fait prendre, mais le taureau l'avait averti, et il n'a pas varié son comportement ». Certain aficionado de mes amis chers, parlait « d'un incontestable sens de la cadence, unique chez lui, mais d'un manque de ressources techniques ». Ici l'émotion provenait d'une impression réelle de mise danger et d'une certaine fragilité.



Et un jour, à Aguascalientes, Tomas a laissé son sang sur la piste. Trois ans déjà. Il serait mort en d'autres temps. C'est du sang mexicain qui lui a été perfusé. Alors on imagine l'émotion de cette réapparition, je parle de Tomas, avec le souvenir de la corne qui le tue..Le symbole aussi. Ici je renaîtrai.



Bien. J'ai encore le souvenir du bellâtre Ostos, dont la seule qualité était une vaillance à toute épreuve, ce qui n'a pas empêché Jean Cau, en le suivant une temporada d'écrire « les oreilles est la queue » qui, de mon point de vue est l'ouvrage majeur parlant de tauromachie.



Ostos fut terriblement châtié, là où les toreros risquent la mort. Je ne parle pas de Yiyo et son cœur coupé en deux.Je l'ai vu ensuite, beaucoup moins bravache et ne pouvant empêcher les pas de recul. Lui qui montait sur les toros.



Et l'inimaginable Curro Vasquez, novillero béni des Dieux, que nous suivions partout avec mon père. Il avait tout, la sobriété, l'empaque, une suprême élégance. Il fut terriblement châtié, voulut continuer avec des fortunes diverses, mais souvent l'esprit cédait au corps.



C'est que le corps se souvient.



A Aguascalientes, j'ose le dire Tomas n'a pas été Tomas. Devant son premier, un peu encasté, il se fit avertir, le toro lui passant sous le bras. Les toros un peu encastés n'aiment pas le pico et voient de suite le trou, « el hueco ».



Le second était une borrega décornée, c'est à dire armé comme un veau de lait, d'une candeur totale devant lequel, encore Tomas se comporta en "pegapases tout en pico".



Je sais qu'il ne faut pas dire cela, à l'heure où tant d'empresas y compris françaises rêvent de l’enrôler pour la corrida du siècle.



Alors au lieu de dire que « le corps se souvient » on entonnera les « trompettes de la renommée », et surtout, bises à Pauline.


jeudi 8 janvier 2015

Tant qu'il y aura des Pelloux


J'ai vu, bouleversé, l'interview de Patrick Pelloux sur Itele, ce matin. Cet urgentiste assez médiatique, chroniqueur à Charlie et ami des assassinés. La veille au soir il avait dîné avec Charb, qui lui avait dit combien lui pesait sa protection permanente.

En réunion tout près de Charlie, avec des pompiers afin d'améliorer les services d'urgence, il a été averti qu'on « avait besoin de lui » à Charlie. Il a cru à une vanne.

Il est arrivé le premier sur les lieux avec le commandant des pompiers. Il a vu ses amis massacrés, et a fait son métier pour d'autres.

Il pleurait des larmes d'homme, de rage. Il a dit aussi que ces types, « c'était faire injure aux fous de les traiter de fous ». C'est bien autre chose.,

Maintenant, ceux qui n'ont jamais connu Charlie, émanation directe et permanente de l'esprit de Mai 68 dans ce qu'il avait de plus transcendant , ou qui l'ont vomi pour cette même raison, ou qui tout simplement voulaient qu'il disparaisse, louent ses vertus, ou plaident une liberté de la presse de tartuffes, eux qui tentaient de la contrôler ou la vomissaient.

Ce déferlement de républicanisme lorsque la laïcité est bafouée quotidiennement, lorsque dans les banlieues on préfère laisser se développer le commerce de la drogue pour avoir la paix et permettre la circulation d'une monnaie pourrie, lorsque les policiers sont caillassés, est peut être salutaire.

Pelloux lui, dans ses larmes disait qu'il fallait éviter l'amalgame. Il a raison !